Mon Dieu j’ai péché .

Les enfants m’ont demandé de manger des bonbons au goûter. Et j’ai dit oui. Pour moi. Deux Chamallow et un Stroumph. Je n’en dors plus. Il est 2:00, et je pense à ces deux Chamallow et ce Stroumph tapis quelque part dans le gras de mes cuisses, bien confortablement installés : « on va rester longtemps! »

Au moment du dîner, je n’ai pas pu manger. J’ai regardé avec circonspection mon plat de pâtes à rien. Es-tu mon ennemi ou mon ami? J’ai sondé son silence. Malheureusement, il est resté sourd à mes interrogations.

« Tu ne manges pas? » s’est inquiété mon mari qui ne s’inquiète pas de prendre du gras, l’ingrat.

« Non, non, je n’ai pas faim. »

Mensonge ! Hérésie !

Je meurs de faim ! J’ai plus faim qu’un boa qui n’a pas avalé de proie depuis dix mois !

Mais j’ai faim de tout, et tout me fait envie. Sauf ce plat de pâtes, bien trop sage pour moi.

Je pourrais m’engloutir des tonnes de gratins, de quiches et de frites. Je pourrais me gaver de tartes, gâteaux et chocolat.

Mais je n’ai pas le droit.

Je ne m’en donne pas le droit.

Pas le droit d’être grosse, pas le droit d’être grasse. Emilie, surveille ton « moi »!

Pourquoi ? Parce que personne ne le dit, mais que tout le monde le pense. Parce qu’on est toutes pareilles, parce qu’on aura beau se répéter que le poids, ça ne compte pas, quand le pantalon nous oppresse les viscères et que le reste du corps qui ne passe pas vient déborder au dessus de la ceinture, personne n’aime ça.

Parce qu’on a peur de ne plus [se] plaire, parce qu’on ne sait pas se regarder. Parce que c’est nous, le plus terrible juge de nous-mêmes.

Je devrais dormir. Je tourne en rond dans mon ennui. Le mal est fait, oui, j’ai péché.

Allez, demain, je recommence mes efforts…

…jusqu’au goûter !