Immigrée ou expatriée ? La nuance est dans votre ton, et pas ailleurs. Quand vous prononcez « immigrée », que voyez-vous ? Quels clichés, quels stéréotypes viennent obscurcir votre réflexion, votre intelligence ? Quelles images du JT viennent polluer votre définition ?

Mes amies immigrées sont comme moi: expatriées.

Sauf que le mot chez elles fait résonner une souffrance.

Ex. Il a fallu s’ex-traire d’une vie où elles étaient chéries, bien entourées. Il a FALLU s’ex-patrier.

Le mot est sec, le mot est dur. Ex- comme un amour déçu ; ex- comme le froid de l’extérieur ; ex- comme le passé qui ne reviendra plus.

Mes amies sont courageuses, bien plus courageuses que moi. Mon expatriation, c’est une bravade. La leur, une odyssée. Moi, je sais que je peux rentrer. Pour moi, je sais, ça ne va pas durer. Mes amies déracinées m’offrent une leçon d’humilité !

Elles sont des mères avant toute chose. Elles sauvent l’avenir. Elle surprotègent leurs enfants, tristes et coupables quand ils souffrent, mais si fières quand ils sourient.

J’aime voir nos peuples se mélanger après l’école, quand dans le parc tous jouent ensemble: petits Grecs, petits Anglais, petits Roumains, petits Français…J’aime voir nos enfants s’entendre : ils sont le Monde. Ils sont la Joie.

J’aime mes amies…expatriées, immigrées… je vous laisse le choix des mots : j’aime mes amies, un point c’est tout. Elles sont pour moi des orchidées : racines à l’air, mais fortes, mais belles.