Il y a les expats, les vrais. Ceux qui partent pour le compte d’une entreprise, qui sont aidés, accompagnés. Parmi les avantages qu’ils peuvent avoir : le loyer payé, une prime, la cotisation pour la retraite, l’école internationale financée pour les enfants, la compensation salariale pour le conjoint suiveur …
Et puis il y a nous. Les « petits expats« . Ceux qui sont embauchés en contrat local, qui ont plus le statut d’immigré que d’expatrié. Ceux qui prennent le risque de tout perdre et qui se réconfortent à chaque instant en se disant qu’ils auraient tellement regretté de ne pas essayer.
Pour ceux qui ne nous connaissent pas, laissez-moi vous expliquer- vous verrez, c’est assez simple. La Terre est vaste, le temps sur cette planète nous est compté, et on se dit qu’on aimerait bien en profiter. Vient un jour une opportunité. Vous savez…cette chance à saisir, celle qui ne se présentera sans doute jamais plus. Celle qui vous titille l’instinct, qui vous submerge de doutes, qui vous défie.
Voilà : on nous appelle un jour, et on nous propose de vivre à l’étranger, parce qu’on aurait bien besoin de nous, parce qu’on a développé une compétence particulière, parce qu’ils manquent de ressources sur place… Bref. On nous appelle, et nous voilà un soir à se tordre l’esprit comme un scoubidou, à peser le pour et le contre, à faire des tonnes de calculs. On essaie de mesurer tout ce à quoi on devra renoncer pour vivre l’expérience. Pour éprouver notre courage et assouvir notre curiosité d’une autre vie. On voit dans cette opportunité un défi. On le mesure … « courageux mais pas téméraire »… Et voilà, on dit oui. On saisit l’opportunité.
Alors on vend ce qu’on a à vendre, on sort sa calculette, et on apprend à vivre avec moins. On devient petit expat. Ni riche, ni pauvre. Juste, tout le temps. On paie notre aventure, on ne la doit à personne. On se débrouille. On s’engage, on ne sait pas pour combien de temps. Peut-être que dans six mois, tout sera fini ? Mais on y va quand même.
« La vie sera moins confortable, mais elle se fera ailleurs.
– Et cet ailleurs sera plein de surprises.
– Et on vivra pleinement.
– Et on prendra ce qu’il y aura à prendre. »
Nous, les petits expats, nous sommes nombreux. Nous sommes beaucoup plus nombreux que vous ne le pensez. Contrairement à ce que certains pourraient croire, nous ne fuyons pas la France. Nous nous payons un tour du monde, de l’Europe, d’un pays, à la sueur de notre front, pour le plaisir de vivre de nouvelles choses, de rencontrer de nouvelles personnes. Pour la joie de découvrir, de s’étonner. Pour le bonheur de pester sur autre chose que sur la France. Pour mieux connaître notre pays en s’en éloignant un peu. Pour conforter la certitude que l’Eldorado n’existe pas, que la vie est belle et qu’elle est compromis. Pour sentir l’envie et la peur mêlées. Pour faire de nos enfants des citoyens du monde. Pour se rapprocher, devenir encore plus soudés.
Nous, les petits expats, nous sommes vous, mais ailleurs. Nous ne vivons pas forcément mieux, nous vivons juste ailleurs. Nous vivons selon nos rêves et nos envies, intensément.
Nous sommes de petits expats. Nous sommes de grands rêveurs !
Excellent!
J’adore cet article, il y a tellement de sincérité, de joie et de liberté
La sincérité, c’est rare!
mais que tu nous a tourné ça avec brio,
c’est ce que j’exprimais à certaines personnes quand je cherchais à expliquer notre désir d’expatriation
les petits expats sont des rêveurs qui s’autorisent juste à vivre un rêve, c’est beau comme ils sont libres!
Merci
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Merci beaucoup, c’est super gentil !
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Bravo ! Très bonne synthèse de la situation : on ne part pas parce qu’on a besoin de vivre mieux mais envie de vivre autre chose. Cette expérience n’est pas rentable en argent, elle est rentable en apprentissage. Comme Nicolas Bouvier disait que c’est le voyage qui nous fait et non l’inverse, c’est bien l’exil volontaire qui nous rend encore plus Français…
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Merci ! J’ai tendance à penser que cette façon de s’expatrier est surtout un voyage, simplement on ne se contente pas de passer, on essaie, on goûte la vie sur place, on approfondit notre découverte. Et oui, on se découvre plus Français qu’avant !
Mais comme tous les voyages…mon Dieu ce que ça coûte cher ! 😅 (allez, quand la pilule sera passée, il ne restera que les précieux souvenirs !)
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Je ne suis « petite expat » (ou plutot « petite femme d’expat ») que depuis 4 mois et je me reconnais deja tellement dans tes propos. Encore un très bel article!
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Merci ! Moi aussi femme de… maman de… mais pas seulement ! C’est tout une aventure de partir, de réussir, d’échouer … et ce n’est pas parce que tu ne travailles que tu n’es pas expat. Tu es d’ailleurs expat à temps complet, sans trêve. Tu as beeeeeaaaauuucoup plus le temps d’y penser d’ailleurs ! 🤪
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