Ça y est, c’est enfin arrivé, c’est le jour de la relâche, des vacances, du repos…mais pas pour vous.
Vous, vous vous êtes levé.e tôt comme toujours, pour prendre le métro, comme tous les jours, et pas pour prendre l’avion pour partir à Rio. Vous, vous avez traversé les couloirs désertés de votre entreprise vidée de ses travailleurs, rampant, neurasthénique, telle une âme errante, abandonnée de tous.
Pas eu besoin de faire la queue au distributeur de café. Pas eu besoin de saluer chacun hypocritement, euh… poliment. Pas eu besoin de supporter le récit affligeant du week-end de diarrhées de votre voisin de bureau, débordé avec un seul nouveau né (amateur !).
Non, vous, vous n’êtes pas en vacances. Vous êtes assis.e à votre bureau, il fait chaud -dehors- et Gérard au fond de l’open space a la même mine déconfite que vous. Vous, vous commencez votre journée comme si rien n’avait changé, comme si c’était normal d’être là un lundi 9 juillet.
L’atmosphère est molle et lourde comme du coton mouillé. La climatisation ronronne, son bruit de fond fait résonner le silence de la pièce. Gérard respire fort, vous entendez un sifflement à chacune de ses inspirations, et la vieille Amandine tape frénétiquement les touches de son clavier comme si elle était restée devant sa vieille machine à écrire – mais de quand Amandine date-t-elle ?
Voilà, c’est le 9 juillet, vous êtes seul.e au bureau et vous savez, oh vous savez, qu’aucun fléau n’explique cette atmosphère post-apocalyptique. Non, aucun Martien n’a envahi la Terre, aucune hypothèse paranormale ne justifiera l’absence subite de Manu, Jacques, Phil, Agathe, Greg, Lucie, Sarah, Chloé, Christian et les autres. Non : ils sont tous partis en vacances, tous juillettistes.
Alors vous voilà à l’aube de trois longues semaines d’ennui, trois longues semaines à supporter Gérard et Amandine que vous aviez pourtant ingénieusement évités tout au long de l’année, trois longues semaines à compter les jours jusqu’à votre fugue à Concarneau -le Rio de la Bretagne-, trois longues semaines à supporter de « liker » les photos en maillot de tous ces vacanciers à Cancun, Nice ou Tokyo restés connectés pour le plaisir de vous narguer chaque jour sur les réseaux sociaux au moment de l’apéro (11h, 15h, 18h…).
Alors, comme tous les ans, vous ne souhaitez qu’une chose, une seule : qu’il pleuvra bien tout le mois de juillet, que les orages tremperont leurs maillots et feront s’écrouler leurs tentes, que la SNCF restera longtemps en grève et qu’Air France annulera un vol sur deux. Oui vous rêvez que leurs vacances tournent au cauchemar pour les punir de l’affront qu’ils vous ont fait de partir avant vous, d’être bronzés avant vous, de vous avoir laissé.e avec Gérard.
Et vous espérez secrètement ce moment où, quand ils rentreront, déçus d’avoir voté juillet, conscients qu’août sera long, vous posterez avec constance et machiavélisme, à chaque heure du lundi de leur reprise, une photo de votre portrait en maillot sous le soleil de Concarneau.
Haha moi je prenais toujours les vacances hors juillet aout (ou alors juste une semaine) alors j assistais au va et vient de mes collègues de bureau.
Heureusement un autre collegue avec qui je m attendais très bien (du genre complètement l opposé de Gérard et Amandine) faisait la meme.chose que moi du coup on se soutenait et on aimait bien être entre nous.
Et ce qu on adorait faire c est justement ce que tu dis : partir quand tout le monde rentre et surtout en leur disant « alors pas trop dur la reprise ? » 😀
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Oh la vilaine !
Je fais habituellement partie des juillettistes. En Juillet, il fait toujours beau, il y a moins de monde, et on rentre peinard en août, personne au bureau et c’est presque un 2e mois de vacances 😉
Sans rancune quand même !
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