Les trois derniers pas de danse nous transportent et je sens mon corps et mon cœur qui s’élancent en un lieu, une dimension que je n’avais encore jamais explorée. Je me sens légère et engourdie à la fois.
Elle me regarde, les yeux mouillés de malice, je sonde son regard mais ne découvre rien de cette belle inconnue avec qui j’ai dansé à en oublier le présent. Elle me tend la main en souriant, et m’emmène hors les murs de cette caisse noire de bruits et de monde. Je la suis. Je suis comme Eurydice, elle me sort d’un enfer où je m’étais perdue. La musique autour s’est tue, les gens bougent mais sont immobiles, il n’y a que moi qui marche, j’avance je ne sais où. Je ne peux que la suivre, je n’ai pas d’autre force et aucune volonté. Mon identité s’efface à chacun de ses pas que j’emboîte. Je ne reconnaîtrais pas ma mère dans ce couloir de temps.
D’elle, je ne vois que les cheveux et la démarche, longs et m’illuminant d’une émotion inconnue. Ce moment suspendu, cette sortie de boîte, je le sens, c’est un basculement. Dehors je serai autre et je serai quelqu’un. Cette personne que j’étais est restée dans cette salle, avec les autres, avec la société, l’apparence et la foule. Mon inconnue m’extirpe de ce lieu d’oubli et me révèle.
On s’approche de la porte, le souffle froid d’automne fait frissonner ma peau et me gifle le visage. C’est douloureux, c’est vivifiant. Je me réveille enfin.
On passe la porte, je renais dans cette rue et mes sens se raniment, plus vifs qu’avant.
Elle se retourne, je la regarde. Le mythe antique n’aura pas lieu. À la place, une rencontre. Cette fille-là, je vais l’aimer.
J’aime beaucoup. C’est fluide et on sent presque les battements de cœur des personnages.
Merci pour cette belle lecture
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Merci c’est gentil ! C’est un exercice de style. 😉
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