Je ne veux pas vieillir… c’est ce qu’elles se disent toutes, et c’est sans doute aussi ce que pensent les maris (« je ne veux pas qu’elle vieillisse! »).

Quel étrange rapport au temps. Et si vous croyez y échapper, faites un tour dans le tiroir de votre salle de bain. Tiroir, mon beau tiroir, dis-moi si je suis vieille !

Crème antirides, baume antioxydant, sérum anti-âge… que de vains antidotes au temps ennemi ! Que d’armes de pacotille contre un âge qui avance, qui avance, inexorablement, et qu’on ne peut reculer !

Pourtant je crois qu’on devrait tous vieillir, pour de vrai, pour de bon. Être des Sages, être des Justes, être des êtres plus matures, et que notre nature ne s’oppose plus à la culture commune, que la connaissance nourrisse nos attitudes du quotidien et que les rides soient des rivières qui charrient la joie et le bonheur, les doux souvenirs du bon temps passé. Qu’est-il de plus beau dites-moi que le visage épanoui d’un ancien qui sourit ?

La peau de bébé. Oui, bon… la peau de bébé nous semble bien plus belle. Mais n’y voyons pas l’absence de vieillesse. Voyons plutôt ici une douce promesse, un voyage à venir, une toile à peindre.

On aime les voir grandir, et ça nous fait vieillir. Quelle différence ? Grandir s’apprend, vieillir surprend. Un jour on croit qu’on ne grandit plus. Qu’on se perd, qu’on se délite, et qu’on court vers la fin. Autrefois on avançait en sautillant, aujourd’hui on marche prudemment. On ralentit nos pas, on veut profiter plus. Vieillir ou grandir ? Je vous prescris un peu des deux : grandir, toujours, être insouciant. Vieillir, un peu, mesurer la chance qu’on a et qu’on a eue, d’en avoir eu le temps.

Ceci est ma participation au #10dumois du blog Egalimere.